Thomas Bernstrand

Les objets de Thomas Bernstrand ne sont pas destinés à être placés sur un piédestal. Ils sont destinés à être utilisés. Pourtant, pas de la manière habituelle: pas comme on utilise habituellement des meubles, des lampes, des pots de fleurs, des cintres, des panneaux d'affichage, des porte-serviettes, des échelles et tout ce qu'il a conçu. Ils sont faits pour être utilisés.

Il pense en termes de verbes, plutôt que de noms. En actions plutôt qu'en typologies. Souvent, ce qui est écrit sur le papier est purement archétypal. Son travail semble parfois plus déconstruit que conçu, résultat fructueux de tout ce qui a été supprimé au cours du processus de création. Les produits sont totalement exempts de maniérisme: ils auraient tout aussi bien pu être conçus par un machiniste en combinaison et en filet à cheveux.

Thomas s’efforce de remédier à ce manque absolu de prétention. Une telle façon de travailler exige une grande autodiscipline: ne jamais tracer une ligne inutile, ne jamais s'abandonner à des références stylistiques. Et tout cela à une époque où nous ne pouvons même pas ouvrir le journal du matin sans avoir entendu parler du teppanyaki le plus branché de la ville. Mais si les produits doivent être aussi efficaces que le souhaite Thomas, ils ne peuvent pas simplement rester dans un coin en se lissant. Pour travailler dans un espace public - la moitié de ses projets sont pour l’environnement urbain - ils doivent être honnêtes, clairs, charmants, pleins d’humour, personnels… 

Thomas aurait été un excellent acteur. Il est un observateur extrêmement perspicace des gens, notant un comportement que nous, autres, ne voyons pas: «trivialités», «bêtises». Tels que ce qui se passe lors d'une fête lorsque le volume est monté au maximum. Ou comment les adolescents traitent, escaladent, assiègent et dominent un banc de parc. Contrairement au désir légèrement anxieux de beaucoup de ses collègues qui deviennent directifs et rigides, le travail de Thomas encourage un comportement désobéissant.